mercredi 25 mai 2011

INREES | Conférence : Le vertige du réel avec Ervin Laszlo


http://www.inrees.com/Conferences/Le-vertige-du-reel-Lazslo/

Mercredi 25 Mai 2011 de 19h50 à 22h30

La soirée en deux mots


Quelle est la nature profonde de la réalité ? Quelle relation avons nous avec elle ? Comment savons-nous d'ailleurs ce qu'est la réalité ? Voici des questions philosophiques qui imprègnent aujourd'hui le cœur de nos existences.

Face aux bouleversements scientifiques qui s'enchainent depuis près d'un siècle, nos certitudes n'ont jamais été aussi fragiles. A l'heure où nos modèles culturels, scientifiques et philosophiques sont en profonde mutation, l'INREES vous invite à une réflexion autour du réel avec le philosophe Ervin Laszlo.


En savoir plus sur la conférence


Quelle est la nature profonde de la réalité ? Depuis plus d'un siècle cette question philosophique touche la science de plein fouet. En effet, l'apparition de la physique quantique impose de revoir les fondements même de notre vision du monde. Pourtant, malgré ces mutations en cours, notre idée de la réalité reste bâtie sur le même schéma qu'il y a deux siècles, un modèle mécanique. Car, plus qu'un simple outil de découverte, ce modèle mécanique constitue ce qu'il est convenu d'appeler notre paradigme.

Un paradigme, pour reprendre les mots de David Bohm, ce « n'est pas simplement une théorie scientifique particulière mais tout une méthode de travail, de réflexion, de communication et de perception intellectuelle. » Un paradigme, c'est la base de notre vision du monde. Mais voilà, depuis près d'un siècle, nous sommes donc entrés dans un changement de paradigme. Le processus est long. Il peut prendre encore quelques décennies. Changer de paradigme signifie que nos théories scientifiques sont en train d'évoluer en profondeur, cela implique également que nos perceptions, notre vision des choses, notre façon d'en parler, et sans doute jusqu'à nos comportements en tant qu'êtres humains, vont en être affectés.

L'essence du changement de paradigme qui s'opère aujourd'hui dans notre monde porte sur notre capacité à intégrer le fait que le monde matériel, celui de l'espace, du temps et de la matière, ne constitue pas la réalité fondamentale !

Alors, comment la science fonctionne-t-elle lorsque s'accumulent des « anomalies » — ces faits observés qui pourtant sont « impossibles » selon les modèles scientifiques encore en vigueur ? Sur quoi portent précisément les changements conceptuels que nous allons observer ? A travers le monde, des chercheurs, mais également des penseurs, des philosophes explorent ces questions, et proposent des hypothèses. Parmi eux, le Docteur en philosophie d'origine hongroise Ervin Laszlo a développé une théorie intégrale du tout dans laquelle il développe l'idée d'un univers informé ; un monde dont tous les constituants seraient reliés, connectés. Ervin Laszlo a baptisé ce champ d'information « champ Akashique », reprenant un terme sanskrit désignant, dans la philosophie hindoue, le plus fondamental des cinq éléments.

Biographie des invités









Fwd: Paris 2012 - Congress of Humanities & Social Sciences Research / Congrès de Recherche en SHS


Objet : Paris 2012 - Congress of Humanities & Social Sciences Research / Congrès de Recherche en SHS



ANALYTRICS
 
Call for Contributions
Paris International Congress of Humanities and Social Sciences Research
Paris (France), Hotel Concorde La Fayette, 24-28 July 2012
 
 
The congress will bring together humanities and social sciences (HSS) researchers, scientists, academicians, experts, engineers, developers, administrators and other HSS research-related professionals and practitioners from all over the world. The aims are to promote multidisciplinary dialogue and mutual cross-fertilisation of ideas and methods; to offer a place for participants to present, discuss, and showcase innovative recent and ongoing HSS research works and their applications or development; to update on- and explore new ways and directions; and to take advantage of opportunities for contacts, interaction, international collaboration and networking. All areas of Humanities and Social Sciences research are invited: anthropology and ethnology; applied mathematics, statistics and sciences for HSS research; archaeology; area studies; arts; business administration; classics; communication studies; cultural studies; demography; development studies; economics; environmental studies; epistemology; gender studies; geography; history; information science; international relations; languages and cultures; law; linguistics and language sciences; literature; philosophy; policy, epistemology and methodology of multi-, inter-, trans- and cross-disciplinary HSS research; political science; psychology; religion; research policy, administration and strategies; and sociology. Proposals are in the form of abstracts. Session formats include individual paper sessions, symposia, workshops, roundtables and poster sessions. The languages of the congress are English and French. Deadline for abstract submission: 30 October 2011. Closing date for early bird registration: 29 February 2012. For more information, submission and registration:
 
Note:
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Appel à contributions
Congrès International de Recherche en Sciences Humaines et Sociales
Hôtel Concorde La Fayette, Paris, 24-28 juillet 2012
 
 
Le congrès s'adresse aux chercheurs, universitaires, ingénieurs, experts et autres spécialistes exerçant dans les secteurs de la recherche en sciences humaines et sociales (SHS), de ses applications et de son développement. L'objectif est de contribuer à la culture pluridisciplinaire ; de favoriser le dialogue entre disciplines et l'inspiration mutuelle ; et d'offrir aux participants un espace de communication scientifique, de contacts, de discussion, et de mise en place de collaborations internationales, autour de résultats récents, de travaux en cours, et de nouveaux projets. Le congrès est international et ouvert à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales : anthropologie et ethnologie ; approches et méthodes des mathématiques, de la statistique et des sciences expérimentales appliquées à la recherche en SHS ; archéologie ; démographie ; droit ; études anciennes ; études environnementales ; études orientales et africaines ; études sur le genre ; géographie ; gestion ; histoire ; histoire de l'art ; histoire et philosophie des sciences ; langues et civilisations ; littérature ; musicologie ; philosophie ; politique, épistémologie et méthodologie de la recherche pluri-, inter- et transdisciplinaire en SHS ; politique, administration et stratégies de la recherche ; psychologie et sciences cognitives ; relations internationales ; sciences de la communication ; sciences de l'information ; sciences des religions et théologie ; sciences du langage ; sciences économiques ; sciences politiques ; et sociologie, notamment. Les propositions de contribution seront sous forme de résumés. Les travaux se dérouleront dans le cadre de sessions individuelles, symposiums, ateliers, tables rondes et sessions posters. Langues du congrès : français et anglais. Date limite pour proposer une contribution : 30 octobre 2011. Un tarif d'inscription réduit s'applique jusqu'au 29 février 2012. Pour plus d'information, pour proposer une contribution et pour s'inscrire :
 
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ANALYTRICS
7 QUAI DU GENERAL KOENIG
STRASBOURG, F-67000


Fwd: Comment en finir avec l¹oligarchie, dialogue entre Eva Joly et Hervé Kempf..... RE- Infos - GNY / bastamag.net - SFEN VdL


 
Comment en finir avec l'oligarchie, dialogue entre Eva Joly et HervéKempf
Basta (http://www.bastamag.net/article1551.html?id_mot=30)

PAR AGNÈS ROUSSEAUX
(18 MAI 2011)

Eva Joly, candidate aux primaires écologistes, et Hervé Kempf, journaliste et essayiste, dressent le même constat : une oligarchie gouverne la France et l'Europe. De « la bande du Fouquet's » aux banquiers, des dirigeants des grands médias au lobby nucléaire, ils servent d'abord leurs intérêts particuliers. Comment en finir avec cette domination ? Faut-il d'abord nationaliser les banques ou instaurer un tribunal pénal pour les crimes écologiques ? Faut-il instaurer un revenu maximal, ouvrir davantage les grandes écoles ? Réponses.

...
Les membres de l'oligarchie sont-ils capables de prendre la mesure de la crise écologique et des nécessaires mutations culturelles ? Sont-ils aveugles à la nécessité d'une transition écologique, qui va à l'encontre de leurs modes de vie ?

Hervé Kempf
: Je ne pense pas que le système oligarchique puisse évoluer de l'intérieur. Cette classe dirigeante est bornée. On pouvait avoir un vague espoir avant l'hiver 2008-2009. Mais depuis la crise financière, ils sont revenus aux mêmes places, s'enrichissent de la même manière et continuent cette politique folle de marchandisation généralisée, de privatisation, de recherche de la croissance. Il y a énormément de conflits d'intérêts sur les questions écologiques : sur les OGM, le nucléaire et les politiques énergétiques, les produits chimiques... Ce sont les mêmes logiques que celles décrites pour le système financier. Pour maintenir son système, l'oligarchie pousse à une croissance économique qui détruit l'environnement. La croissance permet de maintenir à peu près tout le monde à flot, éventuellement d'augmenter un petit peu le niveau de vie des gens, qui finissent par accepter cette inégalité profonde, même s'ils en sont de plus en plus conscients. La remise en cause de la croissance économique n'est pas possible par l'oligarchie.

Eva Joly
: Je crois beaucoup aux réformes qui viennent du bas vers le haut. C'est parce que l'opinion commence à comprendre les enjeux du nucléaire que nous allons sortir du nucléaire. Pareil pour les paradis fiscaux. Sur la question du nucléaire, la résistance va être très importante. Car le nucléaire n'est pas seulement anti-démocratique et anti-écologique : il est piloté par une « oligarchie nucléaire », issue des mêmes écoles, avec la même façon de penser. Une oligarchie technocratique. C'est un combat que je vais mener, car c'est sans doute le plus important dans les mois à venir.

« Un tribunal pénal international chargé de juger les catastrophes écologiq
ues » (Eva Jo
ly)

On parle de « délinquance » financière, de « crimes » écologiques de grandes entreprises. Est-on encore ici dans le débat politique ? Les comportements de cette oligarchie ne relèvent-t-ils pas du droit, de la justi
ce ?

Eva Joly
: Tepco, qui exploite les centrales de Fukushima, avait obtenu la prolongation de l'exploitation des réacteurs, sans investissement supplémentaire. Cette entreprise demande aujourd'hui 9 milliards aux contribuables japonais. Les dirigeants de Tepco n'ont-ils pas mis les habitants du Japon et des pays voisins en danger ? Une centrale vaut 4 ou 5 milliards, ils ont préféré les premiers jours après l'accident tenter de sauver la centrale. N'est-ce pas une « mise en danger d'autrui », telle que définie par notre code pénal ? Dans le golfe du Mexique, on a découvert que BP a fait des économies sur le béton utilisé. Alors que la marée noire a tant coûté à l'environnement ! Il faut un tribunal pénal international chargé de juger les catastrophes écologiques. C'est un projet à 20 ans, mais il faut commencer les négociations dès maintenant.

Un rapport de l'Onu, sorti en 2010, évalue le coût des catastrophes naturelles causées par des multinationales à 1500 milliards de dollars. C'est probablement plus que ce que les multinationales paient en impôts. Ce sont les contribuables du monde qui paient pour les catastrophes écologiques. Même en terme financier, ce n'est pas rentable ! Les dégâts sur l'environnement sont tels que cela va impacter le niveau des retraites aux États-Unis. Mais l'oligarchie s'en fiche. C'est un pillage de la nature, un pillage des caisses publiques au profit des caisses privées. Les multinationales exploitent par exemple des mines d'Afrique, détruisent le cadre de vie des habitants, offrent des boulots d'esclavage, laissent des tonnes d'arsenic ou de cyanure. Puis elles partent. Et utilisent le système des paradis fiscaux et les niches fiscales que notre gouvernement a gracieusement créées. Le groupe Total fait 10 ou 12 milliards de bénéfices et paie zéro euro d'impôt !

Hervé Kempf
: Je suis assez sceptique sur les tribunaux écologiques. On ne peut pas attendre 20 ans. La catastrophe écologique, on y est déjà, même si je n'aime pas ce terme car je ne suis pas catastrophiste. Qui voulez-vous condamner ? Tepco, d'accord. Et BP pour la marée noire. Mais pour les sécheresses en Chine et en Europe ? Les inondations aux États-Unis ? Qui est responsable ? Il faut mener en priorité les batailles que l'on a citées : sur la régulation financière, les banques, le respect des règles environnementales et nucléaires.

Eva Joly
: C'est une course de vitesse. Il faut plusieurs mécanismes. Je vais rencontrer Luis Moreno-Ocampo, Procureur de la Cour pénale internationale. Nous voulons voir s'il existe un moyen pour que les « méga-catastrophes » écologiques puissent être assimilées à des crimes contre l'Humanité. Et en France, il faut assurer l'indépendance de la justice. Nous avons un parquet qui passe son temps à essayer d'éteindre les incendies et faire en sorte que des affaires ne sortent pas. Si je suis associée au pouvoir, je donnerai, par une réforme constitutionnelle, l'indépendance au parquet en France.

« L'oligarchie en France, ce n'est pas seulement M. Sarkozy et sa bande. C'est aussi une large part du Parti s
ocialiste » (Her
vé Kempf)

L'image symbolique de ce système oligarchique est sans doute celle de la « bande du Fouquet's », réunie par Nicolas Sarkozy au soir de son élection. En cas de victoire de la gauche en 2012, ce système sera-t-il remis en cause ? Ou les intérêts centraux de l'oligarchie seront-ils selon vous entièrement p
réservés ?

Eva Joly : Aujourd'hui l'oligarchie a directement le pouvoir, Nicolas Sarkozy est leur représentant. C'est ouvert, assumé, sans vergogne : on sert les copains. Nous pouvons avoir un gouvernement qui mette l'intérêt général au centre de son action. C'est un travail de longue haleine. Mais il faut commencer la révolution écologique : adapter l'appareil industriel à la conversion écologique, abandonner les projets pharaoniques, les constructions de nouveaux aéroports, de nouvelles autoroutes. On peut le faire tout de suite. Ce serait déjà énorme. On peut commencer la sortie du nucléaire : abandon de la construction de l'EPR, fermeture des centrales les plus anciennes, grand programme d'économie d'énergie, montée en puissance des énergies renouvelables. Imposer ces réformes sera un combat, car l'oligarchie sera toujours là. Le lobby du nucléaire, de l'armement sont extraordinairement forts. Et l'écologie n'est pas consensuelle.

Hervé Kempf
: En tant que candidate, vous devez sans doute ménager le parti socialiste… Mais l'oligarchie en France, ce n'est pas seulement M. Sarkozy et sa bande. C'est aussi une large part du Parti socialiste. Les tenants de la social-démocratie européenne ont depuis 20 ans baissé les bras devant le capitalisme, dans leur système de valeur comme dans leurs trajectoires professionnelles. Dominique Strauss-Kahn, représentant le plus éminent de ce courant, est tombé. Mais le PS n'a pas viré sa cuti. Ce sont d'éminents socialistes qui mènent le projet fou de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, poussé par Jean-Marc Ayrault. Les projets d'autoroutes sont très souvent soutenus par des socialistes, avec en plus des logiques de privatisation par le biais des partenariats public-privé. On a là un vrai problème politique !

Eva Joly : D'où l'importance que le candidat de l'écologique politique fasse un bon score.

Hervé Kempf : Sans doute. A condition qu'il ait les idées claires. Mais c'est une autre question ! En Allemagne, l'enlisement de la social-démocratie dans la compromission avec le néo-capitalisme a conduit à une déception totale des gens. Si on veut éviter le recours populiste, qui est stimulé de manière évidente par l'oligarchie, on doit avoir recours à une réelle alternative. Et les écologistes peuvent être cette alternative.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux


La femme de chambre et le financier, par Irène Théry - LeMonde.fr


http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/23/la-femme-de-chambre-et-le-financier_1525953_3232.html#ens_id=1524509

La femme de chambre et le financier, par Irène Théry

Ce matin du dimanche 15 mai, la surprise, l'incrédulité et la consternation nous ont littéralement saisis. Face à une forme inédite d'adversité politique et morale, on a senti partout le besoin de se hausser à la dimension de l'événement comme pour conjurer, dans l'union sacrée d'un silence suspendu, l'image salie de notre pays. Passé ce moment d'étrange stupeur, le débat a repris ses droits pour explorer ce qu'on nomme désormais " l'affaire DSK ". Dans le maelstrom des commentaires, comment s'y retrouver ? Si l'on se souvient que l'enjeu de tout cela n'est pas de jeter aux chiens la vie privée ou la personnalité d'un homme à terre, mais une inculpation sexuelle précise dans le cadre d'une procédure criminelle définie, on aperçoit qu'un clivage nouveau est apparu dans le débat français. Evident d'une certaine façon, tant on s'accuse mutuellement aujourd'hui de n'avoir de considération que pour un maître de la finance mondiale ou de compassion que pour une pauvre femme de chambre immigrée, il n'est pourtant pas si simple à comprendre.

D'un côté, il y a ceux qui soulignent avant tout la valeur fondamentale de la présomption d'innocence à laquelle a droit l'auteur allégué des faits. Ils ont semblé, dans les premiers jours, si majoritaires parmi les ténors qui font l'opinion en France et si indifférents au sort de la victime présumée qu'on n'a pas manqué de les traiter de défenseurs patentés de l'ordre patriarcal. Il est vrai que des réflexes machistes assez cognés ont fleuri ici et là pour défendre à leur manière l'innocence virile : "il n'y a pas mort d'homme""un troussage de domestique"... Mais on aura peine à nous faire croire que ces insanités d'un autre âge soient le révélateur providentiel d'un complot masculin caché sous la défense intransigeante des droits des justiciables. Ce n'est pas la défense des mâles dominants qui est préoccupante chez ceux qui croient trouver dans la présomption d'innocence la boussole unique guidant leurs réactions; c'est plutôt un certain aveuglement mental aux défis nouveaux surgis du lien social contemporain.

Car de l'autre côté, il y a ceux – au départ plus souvent des femmes, féministes et engagées – qui s'efforcent de porter au plus haut des valeurs démocratiques une forme nouvelle de respect de la personne, qui n'a pas encore vraiment de nom dans le vocabulaire juridique, et qu'on pourrait appeler son droit à la présomption de véracité. C'est la présomption selon laquelle la personne qui se déclare victime d'un viol ou d'une atteinte sexuelle est supposée ne pas mentir jusqu'à preuve du contraire. Le propre des agressions sexuelles, on le sait, est qu'à la différence des blessures ou des meurtres, leur réalité " objective " ne s'impose pas d'elle-même aux yeux des tiers. Ont-elles seulement existé ? Avant même qu'un procès n'aborde les terribles problèmes de la preuve et de la crédibilité des parties en présence, la question spécifique que posent ces affaires judiciaires s'enracine très exactement là : ce qui est en jeu au départ n'est jamais seulement la présomption d'innocence du mis en cause, mais la possibilité même qu'une infraction sexuelle  alléguée prenne assez de réalité aux yeux de tiers qualifiés pour ouvrir la procédure. Cette possibilité passe en tout premier lieu par la possibilité donnée à une victime présumée d'être vraiment écoutée. On accueille de mieux en mieux, dans nos commissariats, les victimes sexuelles qui déposent plainte. Mais sommes-nous prêts, dans la culture politique française, à considérer la présomption de véracité  comme un véritable droit ? Rien n'est moins sûr.

C'est pour cette raison que nombre de nos concitoyens ont eu le sentiment pénible qu'en France, on n'avait pas accordé à Madame Diallo un respect égal à celui qui fut témoigné à son agresseur présumé,Dominique Strauss-Kahn. Cette situation choquante n'est pas d'abord un problème de morale personnelle, mais de justice et d'institutions communes. On l'entrevoit bien : présomption d'innocence et présomption de véracité sont aussi cruciales l'une que l'autre pour bâtir une justice des crimes et délits sexuels marchant sur ses deux pieds. Mais pour le moment, nous ne les distinguons pas clairement et savons encore moins comment les faire tenir ensemble. Tout se passe alors comme si on ne pouvait choisir l'une que contre l'autre. En se targuant de respecter les grands principes pour DSK au moment où il était cloué au pilori, les partisans sincères de la présomption d'innocence n'ont pas vu qu'ils bafouaient au même instant la présomption de véracité à laquelle avait droit la jeune femme qui l'accuse de l'avoir violentée.

C'est pourquoi il est vain de croire que nous échapperons aux questions de plus en plus fortes que nous posera dans l'avenir la lutte sans merci du coupable allégué et de la victime présumée du Sofitel de New-York, en faisant le procès de la procédure accusatoire américaine. Au moment le plus dramatique de l'affaire d'Outreau on avait, face aux mêmes dilemmes, fait le procès symétrique : celui de la procédure inquisitoire à la française. L'aurait-on déjà oublié ? Pour construire un jour une façon de tenir ensemble les deux présomptions opposées, le premier pas est d'accepter de penser la spécificité des questions sexuelles, et d'élargir le champ de nos réflexions pour reconnaître les responsabilités collectives nouvelles que nous confère, à nous citoyens des démocraties occidentales, les mutations profondes qui ont lieu aujourd'hui.

La France donne souvent aux autres pays le sentiment d'être politiquement " en retard " sur les questions de sexe, de genre, de sexualité. Sans aborder ici cette vaste question, soulignons simplement que le procès de New-York ne doit pas nous enfermer dans une frilosité défensive au prétexte des clichés anti-français qui pleuvent sur nous depuis quelques jours. Au contraire, il devrait être l'occasion de nous emparer collectivement des grande questions sociales, historiques et anthropologiques qui sont l'horizon de sens commun à tous les procès pour crimes ou délits sexuels, en France comme ailleurs. En général, nous n'avons d'yeux que pour les ressorts psychologiques des transgressions sexuelles comme si nous ne voulions pas voir qu'elles ont lieu dans le contexte de mutations profondes des valeurs et des normes censées faire référence pour tous. Or, sous l'égide de l'égalité croissante des sexes, nous vivons aujourd'hui des bouleversements sans précédent du permis et de l'interdit sexuels. Les procès pour viol, qui se multiplient partout aujourd'hui, sont à la fois l'expression de ces mutations démocratiques et le symptôme de leur caractère inassumé.

Considérer le viol comme un crime, prendre au sérieux les atteintes sexuelles, participe directement du refus contemporain de l'ordre sexuel matrimonial traditionnel, construit sur la condamnation de la sexualité hors mariage, la diabolisation de l'homosexualité, la double morale sexuelle et la division des femmes en deux catégories : épouses honorables et filles perdues, mères de famille légitimes et filles-mères parias, maîtresses de maison respectées et domestiques qu'on " trousse ". Comme l'a montréGeorges Vigarello dans son Histoire du viol, celle-ci se déploie toujours à la croisée de l'appartenance sociale des individus et des statuts respectifs des hommes, des femmes et des enfants dans une société. Notre attachement à punir ce crime est la trace en creux de la valeur centrale que nous accordons non plus au mariage mais au consentement dans le grand partage entre le permis et l'interdit sexuels.

Mais les procès pour viol d'aujourd'hui sont aussi symptomatiques des ambiguïtés du changement, tant ils donnent à voir le vide sidéral que nous avons laissé se développer en lieu et place d'une civilité sexuelle renouvelée, capable d'irriguer la vie ordinaire de nos sociétés et d'inscrire la sexualité au sein d'un monde humain certes pluraliste, mais qui demeurerait un monde commun. C'est la rançon de l'idéologie individualiste et mercantile, qui transforme ce monde en une collection insignifiante d'individus autarciques bons à consommer. Le consentement, coeur de la nouvelle normalité sexuelle, est ainsi à la fois la solution et le problème. Consentir, oui, mais à quoi ? Pourquoi ? Et quand le refus de tout consentement s'est exprimé loin des regards, comment passer à sa dimension publique, sociale, juridique ? Concentrant toutes ces questions, nous interrogeant directement sur la solidité de nos valeurs communes, le procès de New-York incarne à sa manière le changement démocratique. Mais il peut devenir aussi un de ces moments périlleux où, pour reprendre l'expression de Marcel Gauchet,  la démocratie se retourne " contre elle-même " .

Pour prendre la mesure du ressort proprement sociologique de ce risque, il faut revenir à la sidération initiale qui fut la nôtre, et qu'une semaine de débat a déjà recouverte. L'image première qui nous a saisis ne s'arrêtait pas au seul DSK. C'était le choc de deux figures, deux symboles, deux incarnations si extrêmes des inégalités du monde contemporain, que la réalité semblait dépasser la fiction. Elle, une femme de chambre immigrée d'origine guinéenne, pauvre, vivant dans un logement social du Bronx, veuve, mère de famille monoparentale. Lui : un des représentants les plus connus du monde très fermé de la haute finance internationale, une figure de la politique française, de l'intelligentsia de gauche, une incarnation aussi, de la réussite sociale, de l'entre-soi des riches et de la jouissance facile. La femme de chambre et le financier, ou le choc de celui qui avait tout et de celle qui n'était rien.

Dans ce face à face presque mythique, les individus singuliers disparaissent, absorbés par tout ce qu'incarnent les personnages. C'est pourquoi il y a quelque chose d'épique dans ce qui s'est passé. En prenant en considération la parole d'une simple femme de chambre et en lui accordant la présomption de véracité, la police new-yorkaise n'a pas seulement démontré qu'elle pouvait en quatre heures renverser l'ordre du pouvoir et saisir au collet le puissant financier. Elle a aussi mis en scène une sorte de condensé inouï des incertitudes, des injustices et des espoirs de notre temps, et engagé un processus où vont venir s'engouffrer toutes les passions qui meuvent les sociétés démocratiques. Au risque de transformer tragiquement deux individus, inégaux à l'extrême, en boucs émissaires de nos désirs frustrés, de nos peurs ancestrales, de nos haines inassouvies.

Irène Théry, directrice d'études à l'EHESS