lundi 2 mai 2011

« La Voie, pour l’avenir de l’humanité », Edgar Morin, Fayard.

« La Voie, pour l'avenir de l'humanité », Edgar Morin, Fayard.

(janvier 2011, 301p.)

Résumé de Christian Lemaignan.

 

Changer de voie est depuis ces dernières années la préoccupation d'Edgar Morin qui reprend ici des constats déjà exprimés dans ces derniers ouvrages[1] mais ici étayés de données et illustrés de cas, pour aboutir à des réformes dont la pertinence est confortée par des exemples venant prouver qu'il est possible de changer de voie : Réformes de la pensée et de l'éducation, Réformes de la Société, Réformes de la vie.

Ce que l'on peut espérer, c'est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. Seul le cheminement sur les voies réformatrices régénèreraient assez le monde humain pour converger vers la Voie qui conduirait à la métamorphose, seules qui pourraient améliorer le monde. Les cinq principes d'espérance pour y parvenir sont énoncés ainsi :

-       le surgissement de l'inattendu et de l'apparition de l'improbable (« Pearl Harbour fait entrer les USA dans la guerre de 39/45) ;

-       les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l'humanité (artistes, philosophes, découvreurs) ;

-       les vertus de la crise : de la mondialisation, du néo-libéralisme, comme de « Porto-Alegre »[2] ;

-       les vertus du péril : « là où est le péril, croît aussi ce qui sauve » (Höderlin) ;

-       l'aspiration multimillénaire de l'humanité à l'harmonie (« Peace and Love », mai 1968…) ;

L'espérance sait que le salut par la métamorphose bien qu'improbable, n'est pas impossible quand on considère cette incroyable aventure du passé, comment penser que l'aventure du futur serait moins incroyable ? Edgar Morin termine son ouvrage sur les 22 évolutions possibles vers la voie. « Le pire n'est pas sûr ».

« Je me suis penché sur le patrimoine planétaire, animé par la religion de ce qui relie, le rejet de ce qui rejette, une solidarité infinie » E.Morin, préface ainsi la « Méthode » : un mode de connaissance et de réflexion apte à appréhender les complexités, l'unité de la multiplicité et de la diversité humaine. Nous sommes dans l'âge de fer de l'ère planétaire et dans la  « préhistoire de l'esprit humain » qui engendre une politique de civilisation.

Ceci rappelle à tous que le « Tao » (la voie) a pour origine le Vide. Du Vide est né le cosmos dont émane le souffle vital (F.Cheng).

 

Dans l'introduction il est rappelé la difficulté de penser le présent du fait de deux types de carences :

- les cécités des modes de connaissance compartimentés et non transdisciplinaires ;

- l'occidentalo-centrisme qui nous donne l'illusion de posséder l'universel.

Chaque individu du monde porte en lui la présence du tout planétaire mais sans communauté de destin indispensable pour que la société devienne Terre/Patrie .Cette crise de l'unification engendre des réflexes vers le passé, vers les racines culturelles, ethniques, religieuses, habitudes et se mixte aux autres crises écologiques, démographiques, urbaines, du politique… La crise du développement est une et triple : Globalisation, Occidentalisation, Développement. La croissance est conçue comme le moteur évident et infaillible du développement…Si la Chine atteignait un taux de véhicules automobiles pour quatre habitants, cela représenterait 1,1 milliards de voitures alors que la planète en compte actuellement 800 millions, réseaux routiers, parkings occuperaient une surface égale à celle allouée à la culture de riz. Le développement est à la fois positif (progrès, libération, démocratie), et négatifs (l'intoxication consumériste, individualisme, corruption). Le néo-capitalisme a provoqué accroissement du revenu du capital au détriment de ceux du travail, la spécialisation compartimente, le calcul ignore les activités non monétarisées ni la joie, l'amour, la souffrance, la dignité, le tissu de nos vies !

L'occident ressent en lui un Vide, un manque, c'est la crise de l'humanité. La Science (soif de connaissance, équivalent à la soif de puissance), l'économie (soif de possession), profit (soif de la richesse) ont permis le meilleur (l'infrastructure monde) et le pire (crise financière  2008).L'improbable, mais possible, est la métamorphose, selon un processus d'auto destruction et d'auto reconstruction en une organisation différente : changer de voie, c'est un bouillonnement de vie (par exemple : au delà des alternatives, croître les services et décroître les intermédiaires ).

 

Vers les Voies :

 

Régénération de la pensée politique.

« Tous les arts ont produit leurs merveilles, seul l'art de gouverner n'a produit que des monstres » (St Just). La politique, c'est la capacité d'affronter l'écologie de l'action (toute action, une fois engagée entre dans un jeu d'inter-rétro-actions dans le milieu où elle se déroule, elle peut dévier de sa voie, déclencher des forces adversaires).

L'action politique s'est toujours fondée sur une « pensée Réactionnaire » (Maurras), « Modérée (de Tocqueville), Révolutionnaire (K.Marx, J.Prudhom). L'humanité est passée de l'économie du salut au salut de l'économie (Max Weber). La pensée politique est complexe, elle se fonde sur une conception Trinitaire de l'homme (Individu-Société-espèce) et sur les couples de l'individu : (Sapiens/Démens, Faber/mythologicus, économicus/ludens). La pensée politique en est au degré zéro.

 

Politique de l'humanité

Politique de civilisation

- Sauvegarder indissolublement l'unité/

/diversité humaine ;

- Elaborer non pas un gouvernement mondial

mais une gouvernance globale ;

- Promouvoir les aspects positifs de

l'occidentalisation : droits de l'homme, autonomie individuelle, culture humaniste, démocratie ;

- Refouler l'hégémonie du profit, la réduction du politique à l'économique, la réduction de la connaissance au calcul, la domination de la rationalisation… 

-  La voie symbiotique (service civique planétaire

- La voie métisse (génétique et culturelle), la réalité transculturelle ;

 

 

 

 

La question de la démocratie participative est à inventer : Porto Alegre (participation des citoyens à l'examen du budget municipal), jury citoyens, mais écueil de la sous représentativité

et de celui de l'éducation en particulier à l'éthique.

Les maux de notre civilisation sont bien ceux

qu'a fait apparaître l'envers de l'individualisation, de la technicisation, de la monètirisation, du développement gigantesque d'une machinerie automatique et de deux menaces :

dégradation écologique des milieux de vie (extérieur) ;

dégradation des qualités de vie (intérieur) avec une marchandisation généralisée (un bébé brésilien pour 1000 euros, un rein pour 500 euros à un indien mexicain, le télé achat, l'anonymisation :

 « l'essence communautaire de la ville est en passe d'être mentalement rayée de la pensée et de la sensibilité » ;

-la grande famille s'est désintégrée, la famille nucléaire est en crise : solitudes, maux chroniques, divorce entre âmes et corps (mal intérieur, mal être général diffus intermittent, diversement vécu

- Résistances privées : chacun essaie de vivre sa propre vie, les audacieux s'évader à la recherche de la vraie vie (club, soleil) ;

Les impératifs d'une politique de civilisation passent par trois finalités : Solidariser (contre l'atomisation, la compartimentation), Ressourcer (contre l'anonymisation), Convivialiser (contre la dégradation de la qualité de vie)

Moraliser (contre l'irresponsabilité et l'égocentrisme).

La Voie Ecologique

La Démographie

La grande disjonction de l'occident a été de séparer l'homme de l'animal, la culture de la nature : l'homme, l'unique sujet de l'univers,

est seul à posséder une âme, possesseur et Maître de la nature. La biologie moléculaire réduit l'homme à un système d'interactions

entre les molécules et le rend aveugle à l'auto-eco-organisation qui produit l'autonomie vivante.

L'avènement d'une conscience écologique : l'écosystème est une organisation spontanée

qui ne dispose d'aucun cerveau central, d'aucun poste de commandement, mais trouve ses

modes de régulation dans ses complémentarités (parasitisme, symbiose) et ses antagonismes (concurrence ou prédation entre espèces). L'écologie porte sur un complexe où les interactions entre parties constituent un système global dont les qualités rétroagissent sur les parties. Il ne s'agit plus à dominer la terre mais à à la ménager, l'aménager : sortir de la pensée disjonctive (qui sépare ce qui est inséparé) de la pensée réductrice (qui réduit le complexe au simple).

Une éco-politique s'impose à tous les niveaux

: énergies renouvelable, éco habitat, éco transport, protection de l'eau, modification de nos modes de vie, dé-mégapoliser au bénéfice des villes moyennes, restauration de la biodiversité, éducation à la consommation, à l'automobile, au tourisme et aux randonnées pédestres.

- L'accroissement de la population mondiale (9 milliards en 2040) pose la question de l'alimentation : toutefois le volume des vivres produits croît plus

vite que la population (Hervé Le bras). Avec le

régime carné des Danois on pourrait nourrir 4 mil-liards de personnes, avec celui des Bangladais 9 milliards (800 millions souffrent de déficit de nourriture).

- Migrations : 200 millions de personnes en 2005 ont migré, (34% vers l'Europe, 20% vers l'Asie, 23%

vers l'Amérique du Nord, 4% vers l'Amérique latine) ; parmi eux, nombreux ont dû fuir des conflits (14 millions).

- Il existe une myriade de peuples indigènes dotés chacun d'une forte identité, de langues, de mythes, de croyances ; ces micro-ethnies, dispersées sans défense ont une pensée symbolique-mythique-magique loin

de notre pensée rationnelle-technique-pratique. Les sociétés sont des modèles de solidarités, chacun est poly-compétent. A ces peuples racines à défendre peuvent se joindre les nomades (Roms, Saharouis, …soit 300 millions de personnes concernées).Les Sociétés humaines mères, riches de qualité, existent dans une résistance de civilisatrice.

 - La terre est notre maison, notre matrie : enfants de la terre, enfants de la vie, enfants du cosmos : tous les humains partagent un destin de perdition.

 

 

L'eau :

1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau

2,4 milliards d'humains n'ont pas accès aux services hygiéniques (30 000 personnes en meurent chaque jour). De nombreuses préoccupations apparaissent : domestiques, agricoles, de multiples pollutions (nappes, rivières), la conversion bien commun en bien économique (privatisation des biens hydriques : sauf aux USA où 80% des services sont assurés par des entreprises municipales publiques, pays où l'on consomme 600 litres d'eau par jour par personne contre 20 litres dans les pays en voie de développement).

Réduire les gaspillages, les prélèvements excessifs, réintroduire le contrôle politique de l'eau : faut-il instituer une autorité mondiale de l'eau.

La Voie économique :

La somme des PIB des pays de la planète s'élève à

54 000 milliards de dollars, le total des capitaux spéculatifs passant d'une place financière à l'autre

sont estimés à 54000 milliards de dollars. La voie des réformes :

abandon de l'idée de croissance indéfinie//instau

-ration d'un Conseil de sécurité économique//mise

en place d'une coopération Nord/Sud// développement d'unions économiques par continent//

redéveloppement d'économies de proximité// développement d'une économie plurielle// multiplication de monnaies locales subsidiaires// Résurrection d'une logique de dons//Ddt du commer-ce équitable=amélioration de 15 à 25% le niveau de vie de 800 000 producteurs (soit 5 millions de personnes)

Ddt de Banques solidaires du micro crédit, de la

micro finance// Réforme de l'entreprise//des métiers d'intérêt général…

Pauvretés et Misères :

- une nouvelle solidarité publique, un service civique de solidarité , au delà du bidon ville, des grands ensembles ; La capacité à créer du lien social est un facteur irremplaçable de la lutte contre l'exclusion, selon des principes de responsabilité, de pluralité, de participation ;

- la de bureaucratisation généralisée contre la centralisation, en hiérarchie, la spécialisation, la régénération de l'éthique est indissociable de la régénération du civisme et de la régénération démocratique.

Justice et Répression :

On peut juger du degré de civilisation d'une société

en entrant dans ses prisons (Dostoïevski). Justice, police, prison, de part leur nature répressive même, sont des « contre barbaries » barbares dont la peine

de mort est le point culminant. Homicide (49000 par an), corruption (la justice est plus dure dans les banlieue, plus douce avec les délinquants financiers), surpopulation croissante des cellules…Education, Humanisme dans les prisons, formation, prévention, justice réparatrice réinsertion sociale…sont quelques unes des actions mettre en œuvre !

 

 

Réforme de la pensée et de l'Education.

 

Réforme de la Pensée : face à la crise de la connaissance qui s'exprime par le réductionnisme (du complexe au simple), le binarisme (vrai/faux), la causalité linéaire (ignore la boucle de rétroaction), le manichéisme (opposition bien/mal), sont à remplacer par la pensée de la reliance qui impose de connaître par distinction (et non plus par disjonction) et conjonction (non plus réduction) permettant de saisir les liaisons, interactions, implications mutuelles, les phénomènes multidimensionnelles, les réalités à la fois solidaires et conflictuelles. Il s'agit de prendre conscience de contradictions logiques :

L'ordre comporte aussi le désordre,

L'un comporte sa multiplicité propre.

La science éclaire et aveugle,

La raison pure est déraison.

La civilisation contient la barbarie,

Raison et passion ont besoin l'une de l'autre.

 

La science s'est bâtie sur trois piliers de certitude :

-       croyance dans le déterminisme absolu : 1ère révolution scientifique  avec la thermodynamique, la microphysique, la cosmo physique ; déterminisme associé au désordre, à un principe d'indétermination ;
-       la séparabilité, la valeur de preuve absolue fournie par l'induction et la déduction, le rejet de la contradiction : la 2ème révolution scientifique, c'est la reliance entre disciplines séparées (physique, géologie, météorologie, biologie, sciences sociales pour comprendre les écosystèmes) ;
-       la révolution épistémologique : la 3ème révolution scientifique en cours, c'est la reconnaissance ondes et corpusculaire associés dans la conception de la nature complexe de la particule (Niels Bohr). Notre pensée doit embrasser les contraires (Hegel), elle est au cœur de la relation espace-individu-société.

 

Réforme de l'éducation : « Je veux lui apprendre à vivre » (Emile-JJ.Rousseau). Le nouveau système d'éducation fondé sur la reliance permettrait de favoriser les capacités de l'esprit à penser les questions individuelles et collectives dans leur complexité. Il envisagera l'écologie de l'action, action qui subit les inter-rétro-actions du milieu où elle intervient, échappe à la volonté de son initiateur et aller dans le sens contraire de l'intention de départ. Il enseigne :

- la connaissance de la connaissance, l'éthique ternaire (individu-sociétè-espace). Le propre de l'erreur est ce qu'elle ne se connaît pas comme telle (Descartes) : la perception visuelle n'est pas l'équivalent d'une photographie du monde extérieur (hallucination et perception n'ont pas de différence). Les mots, les énoncés eux-mêmes sont des traductions/reconstruction qui nous viennent de nos sens. Les empreintes culturelles subies déterminent chez les individus leurs visions du monde. De plus, l 'esprit humain, la raison, le langage ont leurs limites.

- Au début d'une relation amoureuse, nous voyons en l'autre sa face lumineuse, mais, comme la Lune, l'autre a sa face obscure que nous découvrons trop tard. Le tout de l'univers nous restera à jamais inaccessible, nous devons aspirer à une connaissance multidimensionnelle.

- La réalité humaine (comme trinité : individu-sociétè-espace), l'ère planétaire, la compréhension d'autrui (là ou le climat est bon, l'apprentissage est lui aussi bon) ;

- L'affrontement des incertitudes individuelles, sociales, historiques ; la trinité éthique : de la personne, du civique, du genre humain.

 

Démocratie Cognitive et communicationnelle :

 

La dépossession du savoir, très mal comprise par la vulgarisation médiatique, pose le problème historique de la démocratie cognitive. Plus la politique devient technique (arme atomique) plus la compétence démocratique régresse : un savoir cloisonné, ésotérisé par nature, conduit à une régression démocratique. Internet est la meilleure (biens cognitifs communs, accès aux biens culturels) et la pire des choses (réseaux mafieux, spéculation financière). Là est souligné la nécessaire réforme de l'esprit.

 

Réformes de Société

 

Sont abordés dans ce chapitre : les questions liées à la Médecine/Santé, à la Ville/Habitat, à l'Agriculture/Campagne, à l'Alimentation/Consommation, au Travail.

- Médecine/Santé :

1. L'organe est isolé dans l'organisme, l'organisme isolé du psychisme. Le patient est ignoré comme personne, inséré dans un contexte d'abord familial, puis dans un milieu (urbain, social), .Nous sommes des enfants du cosmos.

L'hypertrophie d'un savoir obéissant aux règles de l' « évidence-based-medecine », médecine fondée sur la preuve, qui pose des questions de bioéthique et d'inégalités (dépenses par personne en médicaments en dollars, France:3000, Brésil : 300, Inde:30).

2. Les Réformes proposées portent sur : les études médicales, la relation médecin/patient, la relation généraliste/spécialiste. Par ailleurs pour réveiller l'humanité potentielle qui sommeille, en particulier dans l'hôpital, ne faut-il pas revenir sur la civilisation du donner/recevoir, du moins mais mieux, de maintenir en santé plutôt que guérir, en renouant avec les médecines traditionnelles, en expérimentant les médecines alternatives ?

- Villes/Habitat :

Entre 1950 et 2000, la population urbaine a triplé (elle est passée de 750 millions à 2,9 milliards de personnes : 21 villes compteront 10 millions d'habitants en 2015.

Penser la ville :

- la grande ville est un chaos où se combinent ordre et désordre. La ville est un organisme vivant auto-éco-organisatrice qui doit relever le défi de la concurrence entre villes, celui de la différenciation sociale, celui de la mobilité (travail, loisir, formation, logement, soins..).

- c'est réfléchir  aux multi dysfonctionnements, comprendre cette nouvelle forme plus humaine de gouvernance urbaine en se nourrissant de connaissances historiques, économiques, écologiques, sociologiques plus humaine ; c'est penser sa croissance, son avenir : bonne gouvernance, ville plus inclusive…De nombreux exemple d'éco polis sont décrits.

- Agriculture/campagne : Nourrir 9 milliards d'hommes en 2050, c'est la multiplication des productions vivrières locales, des techniques fertilisantes saines, le développement de l'aquaculture, mais aussi une réforme de l'alimentation carnée des pays riches[3]. Mais la dépendance alimentaire (crise alimentaire de 2008) provient de l'industrialisation agricole effrénée (dégradation de la terre, de l'eau, appauvrissement de la biodiversité).L'agneau de la Nouvelle Zélande acheminé par avion sur plus de 18 000Km émet des quantités de CO2 qui totalisent plus de 50 fois son poids, mais ne coûte que 7 euros le KG contre 14 euros pour celui élevé en France.

Terra Madre, Agri sud, Alliance Terre citoyenne, Pro Natura sont des associations planétaires de préservation et de solidarité. 1,5 milliards d'hectares sont consacrés à l'agriculture, 4,2 milliards seraient cultivables (microclimats bienfaisant par l'agroforesterie et par l'arbre agronomique : noyer, pommier, châtaignier…). Cette prise de conscience doit se doubler d'une éducation à la consommation et à l'alimentation. 

La Voie de la réforme de la vie

 

Cette dernière partie effleure sept défis qui concerne nos vies, nos familles, notre relation à la mort...que chaque lecteur pourra approfondir selon sa propre éthique/esthétique :

Nos vies sont dégradées (égoïsme, envie, ressentiment, mépris, colères, haine) en barbaries intérieures. La dégradation de la convivialité dans l'anonymat, la mécanisation, l'hyperspécialisation sont des signes complémentaires de ce malaise : le taux de dépression a été multiplié par 7 en France entre 1970 et 200O ; le suicide est la première cause de mort chez les 25/40 ans.

 

Les réformes porteront sur différentes fonctions : sérénité/intensité, autonomie/ communauté (je vis en liberté et la responsabilité nous établit la reliance à autrui), convivialité/compréhension, le féminin dans le masculin et le masculin dans le féminin, la relation esthétique qui nous ressource au meilleur, au plus sensible de nous-mêmes.

Nous devons régénérer notre relation au cosmos, ce gigantesque et incroyable univers dont nous sommes issus et où nous découvrons la petitesse de la troisième planète, soleil de banlieue au sein d'une galaxie périphérique.

 Il est un chemin qui mène de la souffrance à la joie. Il arrive aussi que le bonheur s'offre de lui-même à qui sait offrir l'aspiration à l'harmonie, à travers l'histoire humaine.

 

Les réformes touchent la morale (éthique individuelle, civique, du genre humain), la famille en sacralisant l'amour (à la fois ciment des couples modernes et celui de la relation parents/enfants en assumant l'autorité), de l'adolescence, ferment nécessaire à toute société (favorise la prise de risques et les transgressions). Mais également ces réformes portent un regard sur la vieillesse : on peut être choqué de la façon dont nous traitons nos vieux, ahuris par notre manque de respect à leur égard, par notre souci de nous en défaire : pourquoi ne pas créer des Maisons de solidarités intergénérationnelles ?

 « Donnez de la vie à vos jours plutôt que des jours à vos vies ». La mort est présente au cœur du monde vivant, le plus horrible à l'approche de la mort est la douleur et la solitude (la mort est expulsée du domicile, 80% des décès ont lieu à l'hôpital !).

 

 

La Poésie de la Vie est la vérité la plus profonde de la réforme de vie qui en attisant sa poésie, secrète ses antidotes aux angoisses de mort et contribue à la réforme de celle-ci.



[1] Voir Morin Edgar, « Pour une politique de civilisation » : Ed. Arléa janvier 2008, Chapitre extrait du livre « Une politique de civilisation » 1997, et, « VERS L'ABÎME ? » Edgar Morin, carnets, l'Herne, 185 p. novembre.2007.

[2] La seule existence du FSM retire toute légitimité à Davos qui apparaîtra désormais, s'il se perpétue, comme une simple réunion d'intérêts corporatistes, un Medef de la globalisation ligué contre les aspirations à un monde plus juste, plus solidaire, plus soucieux de l'avenir de la planète.

[3] La consommation moyenne annuelle est passée dans le monde (entre 1970 et 2010) de 25Kg à 38Kg par personne (7Kilos de céréales sont nécessaires pour obtenir 7Kilos de viande).





Fwd: Irene - Infos - latribune.fr - Perspectives - B.Laponche - Le nucléaire, une technologie du passé sans avenir



http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20110429trib000618756/le-nucleaire-une-technologie-du-passe-sans-avenir.html


Perspectives

Le nucléaire, une technologie du passé sans avenir

Source : La Tribune.fr - 30/04/2011 | 20:02 - 648 mots |
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Pour Bernard Laponche, Docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques de l'énergie, il faut tirer les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Le nucléaire, tel qu'il a été développé depuis la découverte de la fission, comme celui que l'on nous promet doit être abandonné.
Copyright Reuters
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Du point de vue énergétique, un réacteur nucléaire est comparable à une chaudière classique. Au lieu d'être produite par la combustion du charbon, la chaleur, ensuite transformée en électricité, y est produite par la fission de noyaux d'uranium (et de plutonium produit dans le réacteur). Les fragments issus de la fission et les transuraniens sont des produits radioactifs extrêmement dangereux. Des dispositifs de protection considérables sont nécessaires pour éviter qu'ils ne s'échappent du réacteur : gaines des combustibles, cuve du réacteur, enceinte de confinement, systèmes de sécurité...

En fonctionnement normal, les combustibles usés retirés du réacteur ne sont pas des « cendres » inertes mais des déchets qui restent radioactifs pendant des siècles, voire des millénaires pour certains composants. On les stocke en l'état, ou bien après retraitement et extraction du plutonium, on ne sait pas quoi en faire, si ce n'est de proposer de les enfouir : legs redoutable aux générations futures...

On peut arrêter la réaction en chaîne et les fissions à l'aide des barres de contrôle. Mais il faut absolument continuer à refroidir les éléments combustibles car leur radioactivité est telle que la chaleur dégagée, si elle n'est pas évacuée, provoque la détérioration puis la fusion des combustibles et des risques d'explosion d'hydrogène.

D'où la nature de l'accident grave : la perte de refroidissement, soit par une défaillance technique interne au réacteur, soit par la coupure de l'alimentation électrique des systèmes de refroidissement normaux ou de secours. C'est ainsi que se sont produits les accidents de Three Mile Island en 1979 aux États-Unis, de Fukushima en 2011 au Japon et que l'on a frôlé l'accident à la centrale du Blayais en France en 1999. Les causes possibles sont multiples : rupture de la cuve ou du circuit de refroidissement, dysfonctionnement de vannes, perte du réseau électrique et non-fonctionnement des diesels de secours, séisme, inondation noyant les systèmes d'alimentation électrique, erreurs dans la conduite du réacteur, acte de sabotage ou de piraterie informatique déréglant le système de contrôle commande (le cerveau du réacteur). Chaque type de réacteur peut avoir des « faiblesses » différentes : par suite d'une expérience ratée, un accident de criticité (emballement de la réaction en chaîne) s'est produit à Tchernobyl en 1986.

La confiance en l'accumulation des « barrières » ou des systèmes de secours se heurte à ce que l'on reconnaît aujourd'hui : la possibilité de l'accident grave. La mesure des conséquences d'un tel accident nous est donnée par ceux de Tchernobyl et de Fukushima dont la caractéristique est qu'ils se perpétuent dans l'espace et dans le temps, sans que l'on puisse véritablement dire un jour - sinon très lointain - que « l'accident est terminé. »

Il faut en tirer les conséquences. Le nucléaire, tel qu'il a été développé depuis la découverte de la fission, comme celui que l'on nous promet (une « génération 4 » basée sur l'utilisation banalisée du plutonium, le corps le plus dangereux que l'on connaisse), doit être abandonné. Et ce n'est pas Iter, expérience de laboratoire pharaonique d'essai de « maîtrise » de la fusion et dont le physicien Pierre-Gilles de Gennes disait que c'était justement ce qu'il ne fallait pas faire, qui peut nous donner quelque espoir.

Comme on l'a fait après une vingtaine d'années de fonctionnement pour les réacteurs à uranium naturel, graphite, gaz construits en France dans les années 1960, il va falloir arrêter définitivement les réacteurs actuels à uranium enrichi et eau ordinaire sous pression de deuxième génération au bout d'une trentaine d'années de fonctionnement et ne pas construire le réacteur EPR qui n'en est que le dernier modèle et qui présente les mêmes défauts intrinsèques.

Le XXIe siècle a les moyens de se passer de ce nucléaire-là. Surtout lorsqu'il est appelé à se développer dans un univers concurrentiel. La sécurité a ses contraintes que la compétition ignore parfois. Mais rien n'empêche de penser que des savants pourraient un jour découvrir une façon moins violente d'utiliser l'énergie nucléaire.


latribune.fr - 30/04/2011, 20:02 |